(Toutes les photos sont sous copyright)
Le coronavirus m’aura donné du temps pour fouiller dans mes disques durs et au fond de ma mémoire. J’ai décidé de partager ici les anecdotes de concerts en images et en mini-résumés. Ces anecdotes de mon début de carrière, à l’époque où j’obtenais ma première carte de presse, à l’arrache, toujours à l’affût d’un scoop ou d’une enquête jamais réalisée par d’autres, d’un cliché ultime.
Dans cette quête à l’époque, je parcourais les scènes sans contrat, sans cachet, animé par l’envie de rencontres, la découverte d’un nouveau monde.
J’avais juste un petit appareil photo, pas cher contrairement à mes confrères et je me faufilais ici et là, à l’audace pour accéder aux coulisses. Coulisses souvent rendues inaccessibles par des gens improbables, qui vous parlent à la place des artistes, qui vous disent oui puis non !
C’est aussi l’occasion de vous donner envie de retourner voir ces artistes qui remonteront, espérons-le, bientôt sur scène. Car au-delà des photos, des anecdotes, il y a la vie qui continue et ces artistes, par leur talent, nous feront encore vibrer. Nous avons tout simplement besoin d’eux dans nos vies car ils sont la « Culture ».
Ils sont des humains, des textes, des musiques, des mélodies, le voyage, le ressentiment, l’énergie, la lumière, l’espoir, la vibration. Ils se donnent à nous pour enjoliver nos vies, pour faire rayonner le monde... Ils font valoir nos valeurs, notre langue et sont parfois le reflet de nos pensées.
A travers ces anecdotes, ces petites critiques de Live (qui ne sont que les miennes), je souhaite les remercier pour ce qu’ils sont. Ils ont donné à ma vie un sens à un moment où je cherchais quelque chose : l’apprentissage par le savoir des autres, par l’écoute. La base du métier de journaliste à mes yeux.
Bonne promenade et merci.
Abd Al Malik
De son vrai nom Régis Fayette-Mikano, Abd Al Malik a plutôt tendance à mettre de la poésie engagée dans ses chansons.
Sur scène, il est un artiste qui fusionne parfaitement avec son public. Des mots, de l'énergie, pas de faux semblant. Entre Slam et Rap, avec des textes très forts.
Très "Open", Abd Al Malik sait chanter en maniant la prose. Il est toujours disposé à retrouver son public en fin de concert pour discuter et répondre aux questions.
Ecoutez-le si vous voulez entendre un peu de sagesse venue d'ailleurs ! Et cela même si la presse le ringardise trop souvent mais c’est souvent comme ça lorsque le journaliste n’a pas la prose de l’artiste !
A conseiller d'urgence !
African Bush Doctor
African Bush Doctor, Emerson Njawah c'est comme une histoire d'amour qui commence bien mais s'écrit lentement. C'est peut être ça l'esprit Rastafari ?
Certainement l'un des personnages qui marquera ma vie à tout jamais. Lors d'un festival, je suis alors "petit correspondant de presse pour le Petit Bleu des Côtes d'Armor" et J'aperçois sur un stand Bush Doctor qui m'interpelle. …
Il me parle de longues minutes de la Sierra Leone, son pays d'origine et raconte les exactions que son peuple supporte. Son histoire m'intéresse. Je fais le papier. Il m'indique être logé à Saint-Cast pendant quelques jours chez les responsables du festival. Je propose un rendez-vous pour une interview plus poussée et une séance photo sur la plage.
Après avoir vu son superbe Live, je le revois donc quelques jours après...mon idée est alors de faire un papier pour une revue nationale, dans l'objectif d'obtenir la carte de presse qu'on me refuse toujours au Petit Bleu pour des raisons administratives et de paiements.
A Saint-Cast, le feeling est excellent et l'interview dure près d'une heure. La séance photos pareil. Je quitte Bush Doctor avec une certaine tristesse mais il me promet de revenir me voir un jour ? J'arrive à vendre mon article à la revue nationale Reggae Massive : Trop content. De temps à autre j'appelle Bush Doctor, qui vit à Londres et nos discussions "Philosophiques sur la vie" m'apprennent beaucoup.
Et puis, un jour, le téléphone sonne (mon premier portable) et il me dit : "Monsieur Yann, nous sommes bien arrivés à l'aéroport de Dinard". Le seul truc c'est qu'il ne m'avait pas prévenu. Je file à Dinard et là, je vois Bush Doctor et un autre homme avec lui : il s'agit en fait d'African, son producteur et avocat de métier.
Les retrouvailles sont extraordinaires et ils passeront 10 jours à la maison. Musique, soirées, pêche, balades... Des moments d'exception...
... après son départ, quelques années plus tard, Bush Doctor m'invite à Londres avec la soeur de ma femme, Julie (qui souhaite faire des essais studio). Nous partons pour Londres. Là, il nous attend à l'aéroport avec un ami et nous partons pour Birmingham à plus de 280 kilomètres. Son copain dans la voiture roule à 200 sur l'autoroute en fumant "Cône" sur "Cône" c'est du gros délire avec la musique à fond. On est comme dans un rêve !
Finalement, on arrive sur place où nous serons hébergés la semaine dans le studio d'African, le producteur la nuit, l'avocat le jour qui tourne au Whisky H24. Les anecdotes ne manquent pendant le séjour : Un soir, ils nous emmènent dans une sorte de Ghetto, où l'entrée est barricadée et surveillée, pour aller chercher de la Weed dans le fond d'un club de Boxe : Le type du bar est défoncé avec une arme sur le comptoir....
Une autre fois, ils nous proposent de visiter la ville et nous sommes accompagnés par un Garde du corps pour éviter tout problème, du délire.Dans le studio, ça défile, ça fume et finalement un jour on se met aussi à fumer avec eux. Personnellement j'suis cloué pendant 1 journée au lit. Et Julie pas mieux !
Bref, le séjour est génial. Bush Doctor reviendra pendant une semaine à la maison, je retournerai le voir à Londres et à chaque fois, c'est au top. C'est d'une rencontre qu'est née cette grande histoire d'amitié durable à jamais !
Un artiste qui mérite tout le respect, qui chante merveilleusement bien et qui est bon !
La suite au prochain épisode...Directement ici